Il y a une phrase à retenir sur les chevaux quand on veut se lancer dans la vie avec eux: "Les chevaux, ça meurt vite".
Une véto qui était en conférence expliquait cela: "Tout ce qui peut paraître anodin chez un cheval, si ça commence à prendre un peu mauvaise tournure, tout s'emballe dans le mauvais sens, toujours ou presque, et on n'a souvent même plus le temps de réagir. Ils ne nous laissent pas de deuxième chance. Les chevaux rendent les éleveurs et les vétérinaires paranoïaques. C'est en ça que les chevaux sont plus compliqués que les autres animaux".
Attention, plein de chevaux survivent à plein de trucs insensés, hein, je ne dis pas que les chevaux meurent à la pelle, non. Mais ils meurent vite.
Et puis c'est comme partout, on peut tomber sur des sujets plus fragiles ou plus solides que d'autres, plus ou moins adaptés à notre vie, quoi...
Parce-que dans la nature, s'il y a un cheval fragile, ben il ne survit pas, c'est réglé.
Moins de descendance, moins de transmission de ses fragilités.
Nous, on ne sélectionne pas comme la nature.
Nous, on sélectionnes des individus agiles, vifs, réactifs, donc hypertendus, hyperstressés.
Des individus qui sont bouffés par des ulcères (coliques = mal dans le ventre, peu importe la localisation ou la raison) de stress.
Ces individus hyper-réactifs qui nous font gagner des sous ou la gloire ou la fierté, on les traite comme des rois.
Selon nous.
Donc on les sèvre tôt comme c'est dit dans les livres, en ne les mettant plus avec des adultes: stress psychologique, dépression.
On veut qu'ils soient au confort. Donc on les enferme bien chaque soir, voire toute la journée: stress, ennui.
On ne veut pas qu'ils se blessent à cause des autres donc on les met en parcs individuels: stress.
On veut bien qu'ils soient en groupe mais ils ne choisissent pas leurs amis et parfois ce ne sont vraiment pas les bons: stress.
Parfois l'ami le plus cher part travailler: court stress chez celui qui est abandonné.
Parfois l'ami cher disparait pour toujours: stress.
On les veut athlétiques donc pas bedonnant (et puis ça coûte trop de sous et la manutention pardon!) donc on limite la quantité de fourrage. 4 kg au lieu de 10 par exemple, ce qui fait:
moins de volume donc estomac souvent vide donc ulcère physiologique donc coliques: stress physiologique.
moins de fibres donc transit perturbé donc coliques: tress physiologique.
moins de temps passé à mâcher donc ennui (16h dans la nature, 8h avec une ration honnête de foin): stress.
On veut qu'ils aient assez d'énergie et d'oligo-éléments puisqu'on ne donne pas assez de fourrage, on donne des granulés engloutis en 5-10mn, deux ou trois fois par jour...
moins de temps passé à manger, stress.
plus d'impatience de voir arriver l'heure du repas, stress.
repas plus appétant que du foin donc attente excitée (alors que dans la nature, tout est tout le temps à portée de mâchoire, il n'y a jamais attente d'un repas!), stress.
Dans les box, l'ennui est tel que certains chevaux mangent leur litière (ou d'autres trucs dangereux, bois, etc.), en général de la paille, totalement inadaptée, trop grossière, irritante pour leurs intestins délicats: coliques par bouchon de paille car l'intestin n'arrive pas à faire avancer tout ça, dessèchement, nécrose, rupture des intestins, en quelques jours, ou en quelques heures... stress physio
Un cheval qui stresse est comme nous:
ou il a mal au ventre (coliques)
ou il développe tout un tas de maladies à cause de la baisse des défenses immunitaires
Un cheval qui a mal au ventre
a un air absent (c'est là qu'il faut réagir, après, ça commence déjà à sentir le sapin)
se regarde les flancs
écrase son ventre contre le sol pour endiguer la douleur
se roule de douleur
se fracasse de douleur
et on finit avec fractures (euthanasie) ou intestins emmêlés (guère mieux).
Opérer un ventre de cheval pour remettre les intestins en bon ordre (ou faire sortir un poulain, ou...)
c'est risquer après l'éventration au niveau de la couture
En effet, les chevaux se lèvent ou décampent avec une violence telle, une puissance telle... que forcément, ça lâche.
Pareil pour certaines fractures des jambes: selon où c'est, le cheval explosera tout en se relevant, ou en démarrant de trouille, de gaieté...
Ah oui, un cheval mange en marchant dans la nature.
En box, c'est impossible: stress physio.
Immobiliser un cheval, c'est le mettre en stress et donc risquer les complications.
Une opération importante nécessitant une immobilisation va engendrer des complications liées à la physiologie et la psychologie du cheval.
Bon, j'ai dû en oublier, mais les grandes lignes sont là.
Donc oui un cheval c'est fragile dans notre monde à nous.
Et dehors... ben s'il est fragile il est mort, on n'en parle plus